Alan Vega, Denis ColletPark
« GHOST RIVER »

Ghost River ! Faire apparaître les liens fantômes reliant les deux artistes et leurs oeuvres est l’enjeu de la mise en miroir constituée par cette exposition. Au fil de la lecture de ces sculptures, conglomérats du laissé-pour-compte, nous souhaitons témoigner d’un art refusant la production d’objets fétichisés, reflets depuis la nuit des temps de la réussite du faux-semblant, et rejetant toute préciosité et idolâtrie. Quoique…

Alan Vega et Denis ColletPark sont ce que j’appelle des primitifs contemporains, même si feu Vega n’est plus des nôtres, parti rejoindre ses dieux scandés. Les deux artistes partagent une quête semblable aux racines les plus primitives. Comme nos ancêtres les cueilleurs, ils ramassent des débris, du bois, des palettes de chantier, du fil électrique et autres rebuts. Glaner dans la rue des fragments de la vie quotidienne pour les arracher à leurs fonctions premières afin de mieux les métamorphoser, tel est le geste fondateur qui relie les deux créateurs.

Le premier en fait des sculptures lumineuses, « light sculptures », avec un enchevêtrement de guirlandes, entourant, ficelant un assemblage de matériaux qui inlassablement peuvent être recyclés jusqu’à en devenir des crucifix illuminés.
Le second, après un choix méticuleux des matériaux récoltés, en fait des totems, des architectures utopiques, « New Models », liés, englués, recouverts d’une épaisse peinture blanche de récupération, ColletPark en parle, à l’image d’objets impraticables et instables qui s’accommodent plus volontiers du vide comme les modèles d’une archéologie.

Alan Vega et Denis ColletPark confectionnent des oeuvres qui, par le dénuement de leur facture, nous renvoient à la relecture d’une iconographie mystique. Ils nous invitent ainsi à la recherche du profond par l’observation de la surface, pour mieux comprendre le fond des choses.

« faisons avec le bidonville et ce qui nous enseigne » (L. Wittgenstein, P. Engelmann, Lettres, rencontres, souvenirs)